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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 7.djvu/194

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

— Oh ! c’est facile.

— Et quand le referas-tu ?

— Demain, après-demain, un de ces jours enfin.

Elle me regarda, fit tourner ma chaise sur un de ses pieds, et se mit à genoux entre mes jambes.

— Sais-tu ce que tu devrais faire, mon bon chien ? me dit-elle.

— Que devrais-je faire ? Voyons.

Elle ôta un de ses petits peignes, et se mit à peigner ses cheveux, tout en me parlant.

— Ce que tu devrais faire, je vais te le dire : tu devrais m’arranger cet acte-là cette nuit.

— Je veux bien ; je vais rentrer chez moi, et m’y mettre.

— Non, sans rentrer chez toi.

— Comment cela ?

— Écoute : Merle est à la campagne ; prends sa chambre ; on te fera du thé ; de temps en temps, je t’irai voir pendant que tu travailleras. Demain matin, tu auras fini, et tu viendras me lire cela près de mon dodo ; ah ! ce sera bien gentil.

— Et, si Merle revient ?…

— Bah ! nous ne lui ouvrirons pas, à lui.

— Eh bien, soit ; tu auras ton acte demain avant ton déjeuner.

— Oh ! bon chien, que tu es aimable, va ! Mais tu sais ?…

Elle leva le doigt.

— Puisque c’est convenu !

— À la bonne heure ! Que veux-tu faire, ce soir ? Veux-tu souper ? veux-tu travailler ?

— Je veux travailler.

Elle sonna.

— Louise ! Louise !

Louise entra.

— Eh bien, madame, encore ? demanda-t-elle.

— Non… Fais du feu dans la chambre de Merle.

— Mais monsieur a dit qu’il ne reviendrait pas.

— Ce n’est pas pour monsieur, c’est pour Alexandre.