vivement, et qu’un homme d’une cinquantaine d’années parut ; il était vêtu d’un uniforme.
— Pardon, colonel, dit-il, mais je suis le lieutenant-colonel du génie Duriveau, commandant en second à l’École polytechnique sous l’Empire… On me dit que vous retenez prisonniers deux de mes anciens enfants, et je viens voir cela.
Puis, s’adressant à Charras et à Lothon :
— Bonjour, messieurs, dit-il, soyez les bienvenus.
— Les bienvenus ? répéta le colonel.
— Oui, oui, c’est moi qui leur dis cela… Et, à vous, colonel, je vous dis que vous n’avez pas le droit de retenir ces messieurs ; ils viennent, m’a-t-on dit, envoyés par le gouvernement provisoire… Ce sont des parlementaires, et le droit des gens s’oppose à ce qu’on arrête les parlementaires.
Et, en disant cela, il secoua la main de Charras de telle façon, que celui-ci jeta un cri : sa blessure venait de se rouvrir.
— Qu’est-ce ? demanda le-lieutenant-colonel Duriveau.
— Ce n’est rien, ce n’est rien, dit Charras ; c’est que j’ai un trou sous le bras.
— Oui, et il paraît que votre ami a un trou à la tête… Il faudrait d’abord faire panser tout cela, colonel.
— J’y ai songé, monsieur ; répondit le colonel, et je ne sais pas comment le chirurgien-major n’est pas encore ici.
En ce moment, le chirurgien-major entra.
— Tenez, monsieur, dit le colonel, voici les jeunes gens dont je vous ai parlé… Voyez s’ils ont besoin de votre secours.
Charras voulait refuser ; mais le lieutenant-colonel Duriveau lui fit signe de se laisser faire, et il emmena dans la chambre voisine le colonel et le chef d’escadron.
Le chirugien-major pansa d’abord la tête de Lothon ; la balle avait glissé sur l’os, qu’elle avait contourné et laissé à nu. Il fallait être endiablé pour ne pas être dans son lit après avoir reçu un coup pareil.
Le chirurgien-major voulut saigner le blessé ; mais celui-ci s’y opposa formellement.