Aller au contenu

Page:Dumas - Mes mémoires, tome 7.djvu/250

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
247
MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

— Les esses ! ou je vous répète que je vous passe mon sabre au travers du corps !

Barré vida un sac dans lequel il y avait déjà une dizaine d’esses.

Nous nous précipitâmes dessus, et remîmes nos pièces en état.

— C’est bien, dit Bastide. Maintenant, hors du parc !

Tout le monde sortit.

Barré courut remettre son commandement au comte Pernetti, qui le refusa.

Bastide me laissa de garde au parc avec Mérimée : la consigne était de faire feu sur quiconque approcherait du parc, et, au deuxième qui-vive, n’avancerait pas à l’ordre.

De cette heure de faction — vu la gravité de la circonstance, on avait réduit à une heure la durée des factions, — date ma connaissance avec Mérimée ; nous causâmes une partie du temps qu’elle dura… de quoi ? Chose singulière dans la circonstance ! de peinture, de littérature et d’architecture.

Dix ans plus tard, ce fut Mérimée qui, se rappelant sans doute ce qu’il avait bien voulu me dire dans cette nuit-là, à savoir que j’avais l’esprit le plus dramatique qu’il connût, fit penser à M. de Résumat, alors ministre de l’intérieur, à me demander une comédie pour le Théâtre-Français.

M. de Résumat m’écrivit pour me demander cette pièce en y joignant un mandat de cinq mille francs de prime. Un mois après, un Mariage sous Louis XV était fait, lu et refusé au Théâtre-Français.

Je raconterai plus longuement, à sa date, l’histoire d’un Mariage sous Louis XV, frère cadet d’Antony, et qui eut presque autant de mal à se placer qu’en avait eu son aîné.

Revenons à la nuit du Louvre.