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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 7.djvu/251

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS


CLXXXII


Nous sommes cernés dans la cour du Louvre. — Nos munitions nous sont enlevées par surprise — Proclamation des Écoles. — La Chambre vote des remercîments aux Écoles. — Protestation de l’École polytechnique. — Discussion à la Chambre sur le commandement général des gardes nationales. — Démission de la Fayette. — Réponse du roi. — Je suis nommé capitaine en second.

Pendant ma faction, un grand nombre d’artilleurs étaient rentrés ; nous nous trouvions à peu près au complet. Quelques-uns, couverts de manteaux, s’étaient fait ouvrir la grille du côté du Carrousel, quoique l’on nous eût dit que, par ordre du gouverneur du Louvre, cette grille dût rester fermée.

On nous a assuré, depuis, que le duc d’Orléans était au nombre de ces artilleurs à manteau ; sans doute, il avait, avec son courage habituel, voulu juger par lui-même de l’esprit du corps auquel il appartenait.

Au moment où je rentrai au corps de garde, tout y était dans une effroyable ébullition ; on sentait que la lutte était près de s’engager au sein de l’artillerie elle-même, et que les premiers coups de mousqueton allaient être échangés entre camarades.

Un artilleur dont j’ai oublié le nom monta sur une table, et commença de lire une proclamation qu’il venait de rédiger : c’était un appel aux armes.

À peine avait-il lu quelques lignes, que Grille de Beuzelin, qui appartenait à l’opinion réactionnaire, la lui arracha des mains, et la déchira.

L’artilleur tirait son poignard, et la chose allait, selon toute probabilité, finir le plus tragiquement du monde, quand un des nôtres se précipita dans le corps de garde en criant :

— Nous sommes cernés par la garde nationale et la troupe de ligne !

Il n’y eut qu’un cri : « Aux pièces ! »