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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 7.djvu/256

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

ne pourra y être appelé en aucun cas qu’en vertu d’une loi spéciale. »

C’était tout simplement destituer le général la Fayette.

Le coup était d’autant plus perfide que le général n’assistait point à la séance.

Aussi, dès le lendemain de cette scandaleuse discussion à la Chambre, le général la Fayette écrivait — de sa main, cette fois, j’en ai vu le brouillon — cette lettre au roi :

« Sire,

» La résolution prise hier par la chambre des députés, avec l’assentiment des ministres du roi, pour la suppression du commandement général des gardes nationales, à l’instant même où la loi va être votée, exprime déjà le sentiment de deux des branches de la puissance législative, et surtout de celle dont j’ai l’honneur d’être membre ; je croirais lui manquer de respect si j’attendais toute autre formalité pour envoyer au roi, comme je le fais ici, ma démission des pouvoirs que son ordonnance m’avait confiés. Votre Majesté sait, et la correspondance de l’état-major le prouverait au besoin, que leur exercice n’a pas été aussi illusoire jusqu’à présent qu’on l’a dit à la tribune. La patriotique sollicitude du roi y pourvoira, et, par exemple, il sera important de réparer, par des ordonnances que la loi laisse à sa disposition, l’inquiétude qu’a produite le morcellement des bataillons ruraux, et la crainte de voir réduire aux villes de guerre ou des côtes la très-utile institution de l’artillerie du royaume.

» Le président du conseil a bien voulu proposer de me donner le commandement honoraire ; il sentira lui-même et Votre Majesté jugera que ces décorations nominales ne conviennent ni aux institutions d’un pays libre ni à moi.

» En remettant avec respect et reconnaissance aux mains du roi la seule ordonnance qui me donne de l’autorité sur la garde nationale, j’ai pris des précautions pour que le service