Aller au contenu

Page:Dumas - Mes mémoires, tome 7.djvu/257

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
254
MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

n’en souffrit pas. Le général Dumas[1] prendra les ordres du ministre de l’intérieur ; le général Carbonnel distribuera le service de la capitale jusqu’à ce que Votre Majesté ait bien voulu pourvoir à son remplacement, qu’il demande.

» Je prie Votre Majesté d’agréer l’hommage bien cordial de mon attachement et de mon respect.

» La Fayette. »

Louis Blanc, si bien informé d’habitude, dit que le général la Fayette, « gentilhomme jusque dans son dépit, n’eut garde de laisser percer dans sa lettre au monarque la profondeur de ses ressentiments. » S’il eût connu la lettre dont il parle, et que nous venons de mettre sous les yeux du lecteur, il n’eût point dit cela. Au reste, il est permis à Louis Blanc d’ignorer le contenu de cette lettre, qui resta secrète, et ne fut communiquée qu’à quelques intimes du général.

Le même jour, Louis-Philippe répondait :

« Je reçois à l’instant, mon cher général, votre lettre, qui m’a peiné autant que surpris par la décision que vous prenez. Je n’ai pas encore eu le temps de lire les journaux. Le conseil des ministres s’assemble à une heure ; alors, je serai libre, c’est-à-dire entre quatre et cinq, que j’espère vous voir, et vous faire revenir sur votre détermination.

» Agréez, mon cher général, etc.

» Louis-Philippe. »

Nous citons cette lettre pour faire le pendant de celle à M. Laffitte, et, comme on voit, nous la citons sans commentaires ; mais nous ne pouvons, cependant, résister au désir de faire remarquer à nos lecteurs que le roi Louis-Philippe avait besoin de lire les journaux pour savoir ce qui se passait à la Chambre, et que, le 25 décembre, à midi, il ne les avait pas encore lus !…

  1. Mathieu Dumas.