ment, de ne pas… Allons donc ! faites-nous fusiller, ou lâchez-nous !
— Eh bien, dit le colonel, allez vous faire f… !
Et il leur tendit la main en riant.
Les deux jeunes gens lui serrèrent la main, et ils sortirent, accompagnés du lieutenant-colonel Duriveau, qui, selon sa promesse, ne les quittait pas plus que leur ombre.
La ville était dans une agitation facile à comprendre.
L’officier qu’on leur avait donné pour gardien était descendu avec eux, et, après leur avoir serré la main à la porte, était parti à toutes jambes pour rejoindre ses camarades.
Le cabriolet était retourné à la poste.
On se rendit à la poste.
À tout moment, sur leur route, les jeunes gens recevaient des marques manifestes de sympathie.
Arrivés à la poste, ils furent rejoints par le chef d’escadron.
— Messieurs, leur dit-il, le colonel vous prie en grâce de partir ; il vous donne sa parole d’honneur que lui et son régiment adhèrent au gouvernement provisoire… Mais laissez-lui au moins le mérite de l’adhésion.
— Oh ! s’il en est ainsi, dirent ensemble Charras et Lothon, en route !
— Un instant, dit le lieutenant-colonel Duriveau, où en sommes nous comme argent ?
Charras retourna ses poches ; il ne lui restait pas tout à fait cinq francs, des vingt francs de l’Aubespin.
— Combien voulez-vous ? dit le lieutenant-colonel en tirant de ses goussets plusieurs rouleaux de pièces de cinq francs.
— Cent francs, dit Charras.
— Ce sera-t-il assez ?
— Parbleu ! nous sommes bien venus avec vingt.
— Allons, va pour cent francs.
Et il passa un rouleau à Charras, qui le cassa comme il eût fait d’un bâton de chocolat, et en donna la moitié, ou à peu près, à Lothon.
— Maintenant, le cabriolet et les chevaux ! crièrent les deux jeunes gens.