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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 7.djvu/290

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

— Quelle ordonnance du roi ?

— Celle qui dissout l’artillerie, pardieu !

— Comment, l’artillerie est dissoute ?

— Mais c’est en toutes lettres au Moniteur !

— Vous êtes charmant, vous ! Est-ce que je lis le Moniteur ?

— Vous avez raison de dire cela.

— Mais, sacrebleu ! je le dis parce que c’est vrai !

On se mit à rire.

J’avoue que j’étais horriblement vexé ; j’avais fait une chose qui, du moment où on la considérait comme une bravade, devenait tout bonnement une impertinence de premier ordre, impertinence que, moins que personne, j’avais le droit de me permettre à l’égard du roi.

Je chargeai Vatout, Oudard, Tallencourt, tout le monde de faire mes excuses au roi, et de protester en mon nom que j’ignorais l’ordonnance ; mais, comme ils n’étaient pas bien convaincus, il est évident qu’ils ne voulurent pas répondre pour moi.

Je descendis les escaliers aussi rapidement que je les avais montés, et je courus au café du Roi, demandant le Moniteur avec un acharnement qui surprit les habitués.

On fut obligé de l’aller emprunter au café Minerve.

L’ordonnance figurait en tête ; elle était courte mais explicite. Elle portait ces simples mots

« Louis-Philippe, roi des Français,
» À tous présents et à venir, salut.
» Sur le rapport de notre ministre secrétaire d’État au département de l’intérieur,
» Nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit :
» Art. 1er. Le corps d’artillerie de la garde nationale de Paris est dissous.
» Art. 2. Il sera procédé immédiatement à la réorganisation de ce corps.
» Art. 3. Une commission sera nommée pour procéder à cette réorganisation… »