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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 7.djvu/314

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NOTES


NOTE A

AU RÉDACTEUR DU JOURNAL LA PRESSE.

Je reçois d’un ami de Béranger la réclamation suivante. Comme quelques autres personnes pourraient avoir pensé ce qu’une seule m’écrit, permettez-moi de répondre, par la voie de votre journal, non-seulement à cette dernière, mais encore à toutes celles qui ne seraient pas suffisamment renseignées sur la signification du mot « philosophe épicurien. »

Voici la lettre du réclamant :

« Passy, près Paris, 5 septembre 1853.
« Monsieur,

» J’ai lu les deux ou trois chapitres de vos Mémoires où vous parlez de Béranger ; et où vous copiez plusieurs de ses belles et prophétiques chansons. Vous faites l’éloge de ce grand homme de cœur et d’intelligence. C’est bien ! cela vous honore : celui qui aime Béranger doit être bon. Cependant, monsieur, vous posez cette question, qui me semble un peu malheureuse pour vous ; vous dites : « Maintenant ; peut-être me demandera-t-on comment il se fait que Béranger, républicain, habite tranquillement avenue de Chateaubriand, n° 5 ; à Paris ; tandis que Victor Hugo demeure à Marine-Terrace, dans l’île de Jersey. »

» Vous qui appelez M. Béranger votre père, vous devriez savoir ce que tout le monde sait : d’abord, que le modeste grand-poëte n’est pas un philosophe épicurien, comme il vous plaît de le dire, mais bien un philosophe pénétré du plus profond amour de l’humanité. M. Béranger habite Paris, parce que c’est à Paris, et non ailleurs, qu’il peut remplir son beau rôle de dévouement. Demandez à tous ceux qui souffrent, n’importe à quelle opinion ils appartiennent, si M. Béranger leur a jamais refusé de les aider, de les secourir. Toute la vie de cet homme de bien est employée à rendre service. À son âge, il aurait bien le droit de songer à se reposer ; mais, pour lui, obliger, c’est vivre.