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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 7.djvu/43

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Par bonheur, le duc d’Orléans avait eu l’idée de leur adjoindre M. de Coigny, dont le nom se rattachait, dans la personne de son père et de ses deux aïeux, à l’ancienne monarchie par des traditions de gloire et d’amour.

Le nom de M. de Coigny les protégea et leur fit ouvrir les portes.

Mais Charles X, qui ne comprenait rien à leur présence à une pareille heure, répondit à leur demande d’audience que l’heure des audiences était passée, et qu’il leur offrait l’hospitalité au château de Rambouillet.

Charles X, d’ailleurs, attendait encore la réponse du duc d’Orléans à la lettre qu’il lui avait envoyée le matin par M. de Latour-Foissac, que le duc d’Orléans avait prise des mains de N. de Mortemart, mais sans consentir à recevoir le messager.

L’hospitalité au château de Rambouillet ! ce n’était point là ce qu’étaient venus chercher les quatre commissaires ; aussi remontèrent-ils immédiatement en voiture, et reprirent-ils immédiatement le chemin de Paris.

Ils revinrent plus rapidement qu’ils n’étaient allés, et rentraient au Palais-Royal à minuit et demi.

Le roi futur n’était pas si fier que le roi déchu : il recevait à toute heure, surtout quand les nouvelles en valaient la peine.

Celle qu’apportaient les quatre commissaires le poussait à une résolution ; il n’y avait pas de temps à perdre pour la prendre ; il fallait, dès le lendemain, forcer Charles X à quitter Rambouillet.

Une grande démonstration patriotique devenait donc nécessaire.

Cette démonstration, le colonel Jacqueminot reçut la mission de la provoquer.

Au point du jour, deux ou trois cents hommes de la police furent lâchés dans les rues de Paris, courant dans tous les quartiers, et criant :

— Charles X marche sur Paris… À Rambouillet ! à Rambouillet !