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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 7.djvu/67

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

— J’ai quinze francs.

— Oh ! alors, vive la Charte !

Et, bras dessus, bras dessous, ils s’en allèrent joyeusement dîner chez Véfour.

Quant au général Pajol, commandant en chef l’armée expéditionnaire de l’Ouest, il revint gaillardement à Paris dans une calèche qu’il avait récoltée à Cognières.

Avant son départ, la caisse de l’armée expéditionnaire avait été ouverte, et M. Armand Cassan, improvisé caissier, avait payé, rubis sur l’ongle, les avoines sciées, les poules plumées, les œufs dénichés, les fruits cueillis et le vin bu.

Il y a cent à parier contre un que les paysans des environs de Cognières ne firent pas une mauvaise affaire à l’expédition de Rambouillet.


CLXV


Quelle était l’idée d’Harel. — On me propose de faire la Parisienne. — Auguste Barbier. — Mon état moral après les trois jours. — Je deviens solliciteur. — Déjeuner chez le général la Fayette. — Mon entretien avec lui. — Question indiscrète. — Le marquis de Favras. — Une lettre de Monsieur. — Ma commission.

Je dois avouer que, pour cette fois, je rentrai chez moi harassé, et, m’eût-on proposé les plus belles expéditions de la terre, on ne m’eût pas tiré de mon lit le lendemain.

Aussi ce fut au lit que je reçus Harel.

Quelle était l’idée de pièce qu’il m’apportait et qui devait faire courir tout Paris ?

C’était un Napoléon.

Oui, il faut rendre justice à qui de droit : celui de tous les directeurs de théâtre qui eut le premier l’idée de tirer quelque chose du grand homme qui nous avait tant coûté, ce fut Harel, ou plutôt mademoiselle Georges.

Et, en effet, mademoiselle Georges lui devait bien cela !

Malheureusement, l’affaire, tout en paraissant magnifique comme spéculation, me souriait peu comme art. Le mal que