Quant à la lettre originale de Favras, je fus tout étonné, un jour, de la retrouver textuellement, autant, du reste, que pouvait la collationner ma mémoire, dans l’excellent et surtout consciencieux ouvrage de Louis Blanc sur la Révolution.
C’est donc à cet ouvrage que je l’emprunte et que je renvoie le lecteur, dans le cas où il voudrait d’autres détails sur le malheureux Favras, que renia Monsieur devant ce même la Fayette, qui avait la lettre du prince dans sa poche, et qui n’avait qu’à en tirer cette lettre pour le déshonorer.
CLXVI
En traversant la place du Carrousel pour me rendre chez madame Guyet-Desfontaines, que je n’avais pas encore remerciée de l’hospitalité reçue dans les jours de danger, je vis venir à moi une figure de connaissance vers laquelle je courus.
Cette figure de connaissance appartenait à Léon Pillet.
Léon Pillet était un de mes bons amis, et, quoique son père, qui tenait le Journal de Paris, m’eût un peu étrillé à propos d’Henri III, le coup d’étrille avait été si léger et de si bon goût ; qu’au lieu d’en vouloir au vieux classique, je l’avais remercié.
Ce qui me préoccupait dans Léon Pillet au point de me faire courir à lui, ce n’était pas Léon Pillet lui-même, c’était le brillant costume dont il était revêtu : schako à flots de plumes tricolores, épaulettes d’argent, ceinture d’argent, habit bleu de roi, pantalon idem. Il y avait là, on en conviendra, de quoi tirer l’œil d’un homme qui cherchait un costume pour faire sa campagne de Vendée.