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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 8.djvu/136

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

imprimé à Paris en 1505, et cité par Leduchat, dans son édition du Dictionnaire étymologique de Ménage. L’un des chapitres du livre IX de ce traité est intitulé : Des truffes ou tartuffes, et, comme Leduchat et les autres étymologistes regardent le mot truffe comme dérivé de truffer, il est probable que l’on n’a dit, au xve et xvie siècle, tartuffe pour truffe, que parce que l’on pouvait dire également tartuffer pour truffer. »

Cela est de M. Taschereau, qui ne fut pour rien, hâtons-nous de le dire, dans la lettre à Charles X, mais qui est pour beaucoup dans la belle étude qu’il a publiée sur Molière.

Mais voici qui est de M. Étienne, l’auteur des Deux Gendres, comédie faite en collaboration avec Shakspeare et le jésuite Conaxa :

« Les truffes, dit M. Étienne, de l’Académie française, viendraient donc de la tartufferie, et peut-être n’est-ce point parce qu’elles sont difficiles à découvrir qu’on leur a donné ce nom, mais parce qu’elles sont un puissant moyen de séduction, et que la séduction n’a d’autre but que la tromperie. Ainsi, d’après une antique tradition, les grands dîners qui ont aujourd’hui une si grande influence dans les affaires de l’État, seraient des dîners de tartuffes. Il y a des étymologies beaucoup moins raisonnables que celle-là. »

En vérité, critique, ma mie, — ou plutôt mon ennemie, — ne vaudrait-il pas mieux que vous fussiez un peu moins caressante aux morts, et un peu plus indulgente aux vivants ?

Vous n’auriez pas sur la conscience l’asphyxie d’Escousse et de Lebras, la noyade de Gros et la suspension d’Antony.