Aller au contenu

Page:Dumas - Mes mémoires, tome 8.djvu/145

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
142
MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

nissions des sujets de tragédie : nous ne sommes bonnes qu’à une seule chose !… Ô ma chère Lacédémonienne, — car tu peux encore tout sauver en t’unissant à moi, — je t’en prie, seconde mes projets !

Lampito. — C’est qu’il est bien difficile pour des femmes de dormir sine mentulâ ! Il faut cependant s’y résoudre, car la paix doit passer avant tout.
Lisistrata. — La paix, assurément ! Si nous nous tenions chez nous bien fardées, et sans autre vêtement qu’une tunique fine et transparente, incenderemus glabro cunno, arrigerent viri, et coïre superent !

Les femmes consentent. Il s’agit de se lier par un serment.

Voici le serment :

Lisistrata. — Mettez toutes la main sur la coupe, et qu’une seule répète, en votre nom à toutes, ce que je vais vous dire : Aucun amant ni aucun époux…
Mirrhine. — Aucun amant ni aucun époux…
Lisistrata. — Ne pourra m’approcher rigente nervo ! — Répète.

Mirrhine répète.

Lisistrata. — Et, s’il emploie la violence…
Mirrhine. — Oui, s’il emploie la violence…
Lisistrata. — Motus non addam !

On comprend le résultat d’un pareil serment, qui est scrupuleusement tenu. Aussi vous vous rappelez la course de M. de Pourceaugnac poursuivi par les seringues ? Eh bien, cela peut vous donner une idée de la mise en scène du reste de la pièce. Les femmes, jouent le rôle de M. de Pourceaugnac, et les maris celui des apothicaires.

Voilà les pièces qui, selon le rédacteur du Constitutionnel, moralisaient les sociétés antiques !

« Dans les républiques anciennes, reprend avec aplomb notre censeur, les jeux scéniques étaient destinés à exciter les passions nobles, non à provoquer les penchants vicieux de la nature humaine ; ils avaient pour but de corriger les