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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 8.djvu/162

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Nous croyons inutile de faire suivre ce jugement d’aucun commentaire.


CCIV


Banquet républicain aux Vendanges de Bourgogne. — Les toasts. — À Louis-Philippe ! — Réunion des décorés de juillet. — Formation du bureau. — Protestation. — Cinquante mètres de ruban. — Un dissident. — Démenti au Moniteur. — Procès d’Évariste Gallois. — Son interrogatoire. — Son acquittement.

Enjambons par-dessus la réception de M. Viennet à l’Académie française, lequel M. Viennet apprit, sans doute, par son portier qu’il était nommé académicien, comme il apprit plus tard par le même portier qu’il était nommé pair de France, et revenons à nos amis, acquittés avec tant d’éclat et ramenés chez eux avec tant d’enthousiasme dans la soirée du 16 avril.

Il avait été décidé que nous leur donnerions un banquet par souscription. Ce banquet fut fixé au 9 mai et eut lieu aux Vendanges de Bourgogne. Nous étions deux cents souscripteurs.

Il eût été difficile de trouver dans tout Paris deux cents convives plus hostiles au gouvernement que ne l’étaient ceux qui se trouvèrent réunis, à cinq heures de l’après-midi, dans une longue salle du rez de chaussée sur le jardin.

J’étais placé entre Raspail, qui venait de refuser la croix, et un artiste du Théâtre-Français, qui était venu là avec moi, mais bien moins par conviction politique que par curiosité.

Marrast était dépositaire des toasts officiels qui devaient être portés, et il était bien convenu qu’on n’en porterait point d’autres que ceux qui avaient été approuvés par le président.

Les choses marchèrent assez convenablement pendant les deux tiers du dîner, mais, aux détonations des bouteilles de vin de Champagne qui commençaient à simuler une fusillade assez bien nourrie, les esprits s’exaltèrent ; la conversation, naturellement toute politique, s’éleva jusqu’à un dialogue des