— À merveille ! il m’a chargé de vous baiser la main.
— La voici… Tes lèvres sont brûlantes !
— C’est ici que je brûle. (Il met la main sur son cœur.) Madame, vos domestiques sont les plus heureux des hommes !… Adieu ! il faut que je reparte. Ne m’oubliez pas !
— Mange d’abord quelque chose, et prends un peu de repos.
— À quoi bon ? Je vous ai vue, je ne me sens ni faim ni fatigue.
— Je sais que tu es un garçon plein de zèle.
— Oh ! madame !
— Mais tu n’y tiendrais pas… Repose-toi, te dis-je, et prends quelque nourriture.
— Que de soins pour un pauvre jeune homme !
— Il a les larmes aux yeux… Je l’aime de tout mon cœur ! Jamais personne ne m’a montré tant d’attachement !
frantz. — Voici pour vous, madame.
Adélaïde. — Est-ce Charles lui-même qui te l’a remise ?
— Oui.
— Qu’as-tu donc ? Tu parais triste !
— Vous allez absolument me faire périr de langueur… Oui, je mourrai dans l’âge de l’espérance, et c’est vous qui en serez cause !
— Il me fait de la peine… Il m’en coûterait si peu pour le rendre heureux ! — Prends courage, jeune homme, je connais ton amour, ta fidélité ; je ne serai point ingrate.
— Si vous en étiez capable, je mourrais ! Mon Dieu ! moi qui n’ai pas une goutte de sang qui ne soit à vous ! moi qui n’ai de sens que pour vous aimer et pour obéir à ce que vous désirez !
— Cher enfant !
— Vous me flattez ! et tout cela n’aboutit qu’à s’en voir préférer d’autres… Toutes vos pensées tournées vers Charles !… Aussi, je ne le veux plus… Non, je ne veux plus servir d’entremetteur !
— Frantz, tu t’oublies !
— Me sacrifier !… sacrifier mon maître ! mon cher maître !
— Sortez de ma présence !
— Madame…
— Va, dénonce-moi à ton cher maître… J’étais bien folle de te prendre pour ce que tu n’es pas.
— Chère noble dame, vous savez que je vous aime !