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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 8.djvu/209

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

mes parents, j’ai eu bien de la peine à fournir dix lances convenablement équipées ; ce qui peut former cinquante et quelques hommes, valets et écuyers compris.

» — Chrétien, j’ai ici cinq flèches dans mon carquois toutes empennées des plumes d’un aigle. Lorsque j’envoie une de ces flèches vers mes tentes, mille guerriers montent à cheval ; si j’envoie la seconde, une force égale se met en route ; à l’aspect de ces cinq flèches, cinq mille hommes accourent à moi, et, si j’envoie mon arc, dix mille cavaliers ébranlent le désert ! »

YAQOUB.

Car mon père, au Saïd, n’est point un chef vulgaire.
Il a dans son carquois quatre flèches de guerre,
Et, lorsqu’il tend son arc, et que, vers quatre buts,
Il le lance en signal à ses quatre tribus,
Chacune à lui fournir cent cavaliers fidèles
Met le temps que met l’aigle à déployer ses ailes !

Voilà, grâce au ciel, ma confession finie ! Elle a été longue ; mais aussi c’est que, comme œuvre d’assimilation et d’imitation, Charles VII est mon plus gros péché.


CCVIII


L’esprit de Dieu, c’est la poésie. — Le Conservatoire et l’École de Rome. — Emploi de mes journées à Trouville. — Madame de la Garenne. — Le Vendéen Bonnechose. — M. Beudin. — Je suis poursuivi par un poisson. — Ce qu’il en advient.

Si je ne venais pas, dans les chapitres précédents, de saturer le lecteur de littérature, je mettrais sous ses yeux un travail qui ne manquerait peut-être pas d’intérêt.

Ce serait la tradition antique de Phèdre, qui est à Euripide, par exemple, ce que le romancero espagnol est à Guilhem de Castro.

Puis je montrerais ce qu’Euripide a emprunté à la tradition ; puis, ce que, cinq cents ans plus tard, le Romain Sénèque a emprunté à Euripide ; puis, enfin, ce que, seize cents ans plus