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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 8.djvu/240

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

le roi. — Me plaindre ? La pitié d’une impudique !

l’infante, se jetant tout effrayée dans les bras de sa mère. — Le roi est en colère, et ma mère chérie pleure ! (le roi arrache l’infante des bras de sa mère.)

la reine}, avec douceur et dignité, mais d’une voix tremblante. — Je dois pourtant garantir cette enfant des mauvais traitements !… Viens avec moi, ma fille ! (Elle la prend dans ses bras.) Si le roi ne veut pas te reconnaître, je ferai venir de l’autre côté des Pyrénées des protecteurs pour défendre notre cause !

(Elle veut sortir.)

le roi, troublé. — Madame !

la reine. — Je ne puis plus supporter… C’en est trop ! (Elle s’avance vers la porte, mais s’évanouit et tombe avec l’infante.)

le roi, courant à elle, avec effroi. — Dieu ! qu’est-ce donc ?

l’infante, avec des cris de frayeur. — Hélas ! ma mère saigne ! (Elle s’enfuit en pleurant.)

le roi, avec anxiété. — Quel terrible accident ! Du sang !… Ai-je mérité que vous me punissiez si cruellement ?… Levez-vous ! remettez-vous !… On vient… levez-vous !… On vous surprendra… levez-vous !… Faut-il que toute ma cour se repaisse de ce spectacle ? Faut-il donc vous prier de vous lever ?…

À Richard, maintenant.

Richard veut forcer Jenny à signer le divorce. Jenny refuse.

jenny. — Mais que voulez-vous donc, alors ? Expliquez-vous clairement ; car tantôt je comprends trop, et tantôt pas assez.

Richard. — Pour vous et pour moi, mieux vaut un consentement mutuel.

Jenny. — Vous m’avez donc crue bien lâche ? Que, moi, j’aille devant un juge, sans y être traînée par les cheveux, déclarer de ma voix, signer de ma main que je ne suis pas digne d’être l’épouse de sir Richard. Vous ne me connaissez donc pas, vous qui croyez que je ne suis bonne qu’aux soins d’un ménage dédaigné ; qui me croyez anéantie par l’absence ; qui pensez que je ploierai parce que vous appuierez le poing sur ma tête ? Dans le temps de mon bonheur, oui, cela aurait pu être ; mais mes larmes ont retrempé mon cœur, mes nuits d’insomnie ont affermi mon courage ; le malheur enfin m’a fait une volonté ! Ce que je suis, je vous le dois, Richard ; c’est votre faute ; ne vous en