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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 8.djvu/241

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

prenez donc qu’à vous… Maintenant, voyons ! à qui aura le plus de courage, du faible ou du fort. Sir Richard, je ne veux pas !

richard. — Madame, jusqu’ici, je n’ai fait entendre que des paroles de conciliation.

jenny — Essayez d’avoir recours à d’autres !

richard, marchant à elle. — Jenny !

jenny, froidement. — Richard !

richard. — Malheureuse ! savez-vous ce dont je suis capable ?

jenny. — Je le devine.

richard. — Et vous ne tremblez pas ?

jenny. — Voyez.

richard, lui prenant les mains. — Femme !

jenny, tombant à genoux de la secousse. — Ah !…

richard. — À genoux !

jenny, les mains au ciel. — Mon Dieu, ayez pitié de lui ! (Elle se relève.)

richard. — Ah ! c’est de vous qu’il a pitié, car je m’en vais… Adieu, jenny ; demandez au ciel que ce soit pour toujours !

jenny, courant à lui, et lui jetant les bras autour du cou. — Richard ! Richard ! ne t’en va pas !

richard. — Laissez-moi partir.

jenny. — Si tu savais comme je t’aime !

richard. — Prouvez-le moi.

jenny. — Ma mère ! ma mère !

richard. — Voulez-vous ?

jenny. — Tu me l’avais bien dit !

richard. — Un dernier mot.

jenny. — Ne le dis pas.

richard. — Consens-tu ?

jenny. — Écoute-moi.

richard. — Consens-tu ? (Jenny se tait.) C’est bien. Mais plus de messages, plus de lettres… Que rien ne vous rappelle à moi, que je ne sache même pas que vous existez ! Je vous laisse une jeunesse sans époux, une vieillesse sans enfant.

jenny. — Pas d’imprécations ! pas d’imprécations !

richard. — Adieu !

jenny. — Vous ne partirez pas !

richard. — Damnation !

jenny. — Vous me tuerez plutôt !

richard. — Ah ! laissez-moi ! (Jenny, repoussée, va tomber la tête sur l’angle d’un meuble.)