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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 8.djvu/269

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Tout à coup, au moment où j’embrochais mes deux poulets, de grands cris retentirent d’abord dans la cour, puis dans l’antichambre, puis dans l’escalier, et une vieille femme furieuse, sans bonnet, et tout effarée, fit son entrée dans la cuisine.

C’était la mère Galop.


CCXIII


Ce que c’était que la mère Galop. — Pourquoi M. Dupont-Delporte était absent. — Comment je me brouillai avec Viardot. — Le quart d’heure de Rabelais. — Providence no 1. — Le supplice de Tantale. — Un garçon qui n’avait pas lu Socrate. — Providence no 2. — Un déjeuner pour quatre. — Retour à Paris.

La mère Galop était l’aide de cuisine de M. Dupont-Delporte ; elle servait surtout à faire les courses du château au village, et on l’appelait la mère Galop à cause de la rapidité proverbiale avec laquelle elle accomplissait ces sortes de missions.

Je n’ai jamais su son autre nom, et n’ai jamais eu la curiosité de m’en informer.

La mère Galop avait vu sortir de la cheminée une colonne de fumée près de laquelle celle qui guidait les Hébreux dans le désert n’était qu’une vapeur, et elle était accourue, ne doutant pas que le château de son maître ne fût envahi par une bande de chauffeurs.

Son étonnement fut grand quand elle vit un cuisinier et deux ou trois marmitons embrochant et plumant des volailles.

Elle nous demanda naturellement qui nous étions et ce que nous faisions dans sa cuisine.

Nous lui répondîmes que M. Dupont-Delporte fils, étant sur le point de se marier, et comptant célébrer ses noces au château, nous avait envoyés d’avance, pour prendre possession des cuisines.

Elle en crut ce qu’elle voulut : mon opinion est qu’elle n’en crut pas grand’chose ; mais que nous importait ? elle n’était pas en force.

Nous lui eussions bien montré la lettre de Dupont-Delporte,