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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 8.djvu/278

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

— C’est toi ? m’écriai-je.

— Oui, c’est moi, me répondit-il.

J’avais trouvé mon Carré ; seulement, il s’appelait Félix Deviolaine ; et, au lieu d’être pour moi un simple camarade de collège, il était mon cousin.

Je courus à l’échelle, et je me jetai dans ses bras avec autant d’effusion que Bixio s’était jeté dans les bras de Carré.

— Tu es seul ? me demanda Félix.

— Non ; je suis avec Bixio et Boulanger.

— Avez-vous déjeuné ?

— Non.

— Eh bien, je vais déjeuner avec vous ?

— C’est-à-dire que nous allons déjeuner avec toi.

— C’est la même chose.

— Point.

Je lui expliquai alors la différence qu’il y avait pour lui à déjeuner avec nous, ou pour nous à déjeuner avec lui.

Il comprit parfaitement.

Le garçon attendait, la serviette à la main ; le drôle m’avait suivi comme un requin suit un navire affamé.

— Un déjeuner pour quatre ! lui dis-je, et, pourvu qu’il se compose de deux bouteilles de bourgogne, de huit côtelettes, d’un poulet et d’une salade, ajoutez ensuite ce que vous voudrez comme hors-d’œuvre et entremets.

Le déjeuner nous conduisit jusqu’à Melun.

Le soir, à quatre heures, nous débarquions sur le quai, voisin de l’hôtel de ville, et, le lendemain, je reprenais mes répétitions de Charles VII.