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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 8.djvu/289

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS


» Grâce à cet accord admirable, les Guelfes ont eu quelques représentations. Mais pourquoi leur cours, suspendu par un voyage de mademoiselle Duchesnois, n’a-t-il pas été repris à

son retour, ainsi que l’a demandé cette grande actrice, et que l’annonçait l’affiche[1] ?
» M. Firmin s’y refuse Le rôle de Tebaldo, dit-il, est sorti de sa mémoire. Il faudrait, pour cela, qu’il y fût jamais entré. Mais que nous fait, après tout, à vous ou à moi, qu’il sache son rôle ou non ? N’en peut-il pas user à l’avenir comme par le passé ? Manquera-t-il de mémoire tant que vous ne lui manquerez pas ? Sa mémoire n’est-elle pas au bout de votre langue, qui n’est point paralysée, comme on sait ?
» Mais ces difficultés, qu’on dit venir de M. Firmin, ne viennent-elles pas de vous, monsieur ? Accoutumé à opérer sous terre, ne serait-ce pas vous qui, en secret, les susciteriez ? Vous n’avez point part entière comme M. Firmin ; payé en souffleur quand vous faites le rôle d’un acteur, et d’un premier acteur, ne vous lasseriez-vous pas, à la fin, de ne vous essouffler que pour la gloire, et ne vous opposez-vous pas dans l’ombre à la reprise d’une pièce pendant laquelle vous n’avez pas le temps de respirer ?
» De la justice, monsieur ! de la justice ! — M. Firmin vous doit, sans doute, une indemnité : réclamez-la ; mais ne compromettez pas les intérêts du Théâtre-Français en entravant

    blent, en effet, avoir été empruntés, si ce n’est dérobés, aux théâtres des boulevards. Si, pendant la représentation de ces pièces, l’orchestre sortait parfois de sa léthargie, soit pour annoncer par une fanfare l’entrée et la sortie des personnages, soit pour expliquer par une ritournelle ce que le discours n’a pas fait comprendre, bien qu’on soit dans l’enceinte consacrée à Racine, à Corneille et à Voltaire, on se croirait volontiers à l’Ambigu-Comique ou à la Gaieté ; il ne manque plus que cela pour compléter l’illusion. Espérons que les régénérateurs de ce théâtre nous sauront gré de la remarque, et qu’ils en profiteront pour le perfectionnement de la scène française. »

  1. « Depuis six mois, et même encore aujourd’hui, l’affiche porte : « En attendant les Guelfes et les Gibelins ; » probablement ne le portera-t-elle plus demain. »