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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 9.djvu/21

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

CCXVIII

Horace Vernet.

Vernet était alors un homme de quarante-deux ans.

Vous connaissez Horace Vernet, n’est-ce pas ? je ne vous dirai pas comme peintre : — parbleu ! je voudrais bien savoir qui ne connaît pas l’auteur de la Bataille de Montmirail, de la Prise de Constantine, de la Déroute de la smala ! — non, je dis comme homme.

Vous l’avez vu vingt fois passer, soit courant le cerf ou le sanglier, en costume de chasseur ; soit traversant la place du Carrousel, ou paradant dans la cour des Tuileries, en brillant uniforme d’officier d’état-major.

C’est un élégant cavalier, mince, svelte, à la figure allongée, aux yeux vivants, aux pommettes marquées, à la figure mobile, aux moustaches et à la royale Louis XIII. Figurez-vous quelque chose comme d’Artagnan.

Aussi Horace a-t-il bien plus l’air d’un mousquetaire que d’un peintre ; ou, alors, c’est un peintre comme Velasquez, comme Van Dyck, et comme le cavalier Tempesta, à la moustache retroussée, à l’épée battant les talons, au cheval soufflant le feu par les naseaux.

On a toujours été comme cela dans la famille.

Joseph Vernet, le grand-père, se faisait attacher au mât d’un vaisseau pendant une tempête.

Karl Vernet, le père, eût donné bien des choses, j’en suis sûr, pour avoir été emporté, comme Mazeppa, à travers les steppes de l’Ukraine, par quelque cheval furieux, suant l’écume et le sang.

Car, vous savez cela, Horace Vernet ferme une quadruple série, clôt une quatrième génération de peintres : il est le fils de Karl, le petit-fils de Joseph Vernet, l’arrière-petit-fils d’Antoine.

Puis, comme si ce n’était point assez, il a pour aïeul ma-