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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 9.djvu/27

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

et glorieusement, n’est-ce pas que c’est à Rome que vous l’avez faite ?

Mais cette période d’infériorité relative — car Horace, en faisant ce qu’on appelle de la grande peinture, n’était inférieur qu’à lui-même — cette période ne fut pas sans fruit pour l’artiste ; il but la liqueur de vie à la grande source, à la source éternelle ! il revint en France puissant d’une force invisible à tous, inconnue à lui-même, et, après sept années passées au Vatican, à la chapelle Sixtine, à la Farnésine, il se retrouva plus à l’aise dans ses casernes, dans ses champs de bataille, que beaucoup disaient, et disaient à tort, qu’il n’eût pas dû quitter.

Ah ! c’est une belle vie que celle d’Horace, sillonnant l’Europe à cheval, l’Afrique à dromadaire, la Méditerranée en vaisseau ! une belle, noble et loyale vie, à qui la critique a pu faire des réprimandes, à qui la France n’aura point à faire un reproche !

Or, cette année-là, — nous revenons à nos moutons, comme dirait M. Berger, — cette année-là, Horace avait envoyé de Rome deux tableaux que nous avons nommés : l’Exaltation du pape et l’Arrestation du prince de Condé, un des bons parmi ses meilleurs.

CCXIX

Paul Delaroche.

Delaroche avait exposé au salon de 1831 ses trois chefs-d’œuvre : les Enfants d’Édouard ; Cinq-Mars et de Thou remontant le Rhône à la remorque du cardinal de Richelieu, et le Jeu du cardinal de Mazarin à son lit de mort.

Il va sans dire que celui des trois tableaux que nous préférons est Cinq-Mars et de Thou remontant le Rhône.

La biographie de l’éminent artiste ne sera pas longue. Ce n’est ni un de ces caractères fantastiques, ni un de ces tempéraments fougueux qui vont au-devant des aventures. Il n’a pas, comme Vernet, la clavicule cassée à quinze ans, trois