— Eh bien ? lui dis-je après avoir lu.
— Eh bien, ne trouvez-vous pas cela superbe ?
— Magnifique !
— Mettez-moi cela dans mon rôle, alors. Faites votre exposition avec le Vésuve : l’exposition y gagnera.
— Et votre rôle aussi.
— Tiens !
— Satané banquiste, va !
Laferrière se mit à rire.
Il y a deux hommes qui possèdent pour les auteurs un grand avantage dans deux emplois bien différents, avec deux talents bien divers : l’un est Laferrière ; l’autre, Mélingue.
En effet, depuis l’heure où ils ont entendu la lecture d’un ouvrage jusqu’au moment où la toile se lève, ils n’ont qu’une préoccupation : c’est de réunir, d’agglomérer, de collectionner tout ce qui peut être utile à l’ouvrage. Pas une minute leur œil quêteur n’est distrait ; pas une seconde leur esprit ne s’égare. En marchant, en mangeant, en buvant, ils pensent à leur rôle ; en dormant, ils en rêvent.
Je reviendrai plus d’une fois, à propos de Mélingue surtout, sur cette qualité, une des plus précieuses du grand artiste.
Laferrière a en plus la ténacité.
— Eh bien, lui dis-je, c’est bon, je le ferai.
— Vous le ferez, n’est-ce pas ?
— Oui.
— Vous me le promettez ?
— Je vous le promets.
— Eh bien, alors…
— Quoi ?
— Si cela vous était égal…
— Dites.
— Vous le feriez…
— Tout de suite, n’est-ce pas ?
— Oui.
— Séance tenante ?
— Je vous en prie.