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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 9.djvu/62

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Duponchel avait été mandé pour faire dessiner les costumes historiques ; c’était à qui solliciterait, demanderait, implorerait des invitations.

Le bal fut splendide. Toutes les illustrations politiques y assistaient ; mais, comme il arrivait toujours, toutes les illustrations artistiques et littéraires y manquaient.

— Voulez-vous faire une chose qui enfonce le bal des Tuileries ? me dit Bocage.

— Comment ?

— Donnez-en un, vous !

— Moi ! et qui aurai-je ?

— Vous aurez d’abord les gens qui ne vont pas chez le roi Louis-Philippe, puis ceux qui ne sont pas de l’Académie. Il me semble que c’est déjà assez distingué, ce que je vous offre là.

— Merci, Bocage, j’y penserai.

J’y pensai effectivement.

On verra dans un de nos prochains chapitres quel fut le résultat de ces réflexions.

Le 23 du mois de janvier, — le surlendemain de l’anniversaire de la mort du roi Louis XVI, — le lieu habituel des exécutions fut changé, et, de la place de Grève, transporté à la barrière Saint-Jacques.

C’était un pas que faisait la civilisation : constatons-le, en enregistrant ici l’arrêté de M. de Bondy.

« Nous, pair de France, préfet de la Seine, etc. ;

» Vu la lettre qui nous a été adressée par M. le procureur général près la cour royale de Paris ;

« Considérant que la place de Grève ne peut plus servir de lieu d’exécution, depuis que de généreux citoyens y ont si glorieusement versé leur sang pour la cause nationale ;

» Considérant qu’il importe de désigner de préférence les lieux éloignés du centre de Paris, et qui aient des abords faciles ;

» Considérant que, sous différents rapports, la place située