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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

— Eh bien ? dit-il quand il eut fini.

— Ils ont eu raison : c’est d’un tiers trop long.

— Alors, il faut couper ?

— Non, au contraire.

Comment, au contraire ?

— Il faut mettre la pièce en cinq actes.

— Mais puisqu’ils la trouvent déjà trop longue en trois ?

— Cela ne fait rien… Écoute.

Et je lui dis la pièce comme je l’entends.

Delanoue refait son scénario sous ma dictée, écrit de nouveau sa pièce, va la lire en cinq actes au comité, qui l’a trouvée trop longue en trois, et est reçu à l’unanimité.

La pièce fut jouée en cinq actes, — non au Théâtre-Français, mais, par suite de je ne sais plus quel revirement, au Théâtre de l’Odéon, — et, sans obtenir un grand succès, elle réussit honorablement.

Quelques jours avant la représentation de Teresa, un événement était arrivé, qui avait préoccupé Paris.

Nous en empruntons le récit au Globe, parfaitement posé pour dire la vérité dans cette circonstance :

« Aujourd’hui, 22 janvier, à midi, MM. Enfantin et Olinde Rodrigues, chefs du culte saint-simonien, se disposaient à se rendre à la salle Taitbout, où ils devaient présider la prédication, lorsqu’un commissaire de police escorté de gardes municipaux s’est présenté rue Monsigny, n° 6, où ils demeurent, leur a défendu de sortir, et a empêché toute communication de la maison avec l’extérieur, en vertu des ordres dont il s’est déclaré porteur.

» Pendant ce temps, M. Desmortiers, procureur du roi, et M. Zangiacomi, juge d’instruction, assistés de deux commissaires de police, et escortés de gardes municipaux et de troupes de ligne, se sont rendus à la salle Taitbout. M. Desmortiers a signifié à N. Barrault, qui était dans le foyer, que la prédication ne pouvait avoir lieu, et qu’il venait enjoindre à la réunion de se dissoudre.