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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

ceux-ci soufflant dans des cors et des bassons, ceux-là raclant des violons et des basses. En outre, il devait faire des danses d’animaux au-dessus de chaque porte.

Barye prit pour lui les supports des fenêtres : des lions et des tigres de grandeur naturelle formeraient ces supports. — Nanteuil faisait les encadrements, les ornementations, les panneaux des portes.

Ce point arrêté, il fut convenu que, quatre ou cinq jours avant le bal, Ciceri ferait tendre les toiles sur les murailles, et apporterait pinceaux, règles, couleurs.

Les artistes, une fois à la besogne, ne devaient quitter l’œuvre commencée que pour aller se coucher : ils seraient nourris et abreuvés à la maison.

L’ordinaire fut fixé à trois repas.

Restait une chose de la plus haute importance, qu’il s’agissait de régler. Cette chose, c’était le souper.

Je songeai à en faire la base avec du gibier que je tuerais moi-même ; ce qui serait à la fois un plaisir et une économie.

J’allai trouver M. Deviolaine, qui me donna une autorisation pour chasser dans la forêt de la Ferté-Vidame.

C’était d’autant plus charmant, que mon vieil ami Gondon en était l’inspecteur, et que j’étais bien sûr que celui-là ne grognerait pas pour un ou deux chevreuils de plus ou de moins.

Du reste, la permission s’étendait à moi et à quelques amis.

J’invitai Clerjon de Champagny, Tony Johannot, Géniole et Louis Boulanger.

Mon beau-frère et mon neveu devaient partir de Chartres, et se trouver à heure fixe à la Ferté-Vidame.

Je prévins Gondon deux jours d’avance, afin qu’il pût se procurer les traqueurs nécessaires, et il fut convenu que nous nous arrêterions, le soir, à une auberge dont il me donna l’adresse, que nous y coucherions, que nous chasserions le lendemain toute la journée, et que, selon le plus ou le moins de fatigue que nous éprouverions, nous repartirions le soir même, ou seulement le lendemain matin.