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Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/95

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ce gîte ne possède qu’une seule clef, et je vous enferme en la gardant.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Il redescendit et se mit au lit en hâte. Le parfum de Lucienne y flottait. Une nervosité étrange crût dans son corps.

Il songea :

« Ce parfum est terrible. On dirait qu’il pense. Il me faut l’abolir. »

Il répandit un flacon d’eau de Cologne à terre et sur ses draps. La vireuse odeur de néroli envahit tout, agit sur lui comme un anesthésique et il s’endormit.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Jean s’éveilla plus tard, dans la hantise d’un cauchemar à répétition qui lui tordait les nerfs sans qu’il comprît le rapport de cette action douloureuse et de la fable banale.

Il était condamné à mort par quelque tribunal étrange et sauvage, mais catégorique. Seule, une chose pouvait encore sauver sa vie : rattraper une femme qui le provoquait d’agaceries. Il la poursuivait donc, et c’était une course folle, décourageante, entourée des cris d’une foule qui réclamait son condamné. Enfin, comme au bord d’un gouffre, il parvenait à saisir la femme, il voyait une vieille aux yeux chassieux et à la figure immonde. Alors, de lui-même, il se jetait dans le gouffre