Aller au contenu

Page:Dunan - Le Sexe et le poignard, 1928.djvu/179

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
173

éviter de voir Pompée prendre le parti de Cléopâtre que Ptolémée l’avait fait tuer. Évidemment, il y avait aussi le désir si oriental de plaire à César puisqu’il était vainqueur. Mais enfin ce Ptolémée, cupide, obscène et subtil, redoutait avant tout les amis de sa sœur qui était aussi sa femme. Avec un homme aussi habile que Pompée, Cléopâtre aurait tôt fait de prendre toutes les rênes du pouvoir. Elle était ambitieuse, cette Lagide, et détestait son frère et époux qu’elle traitait de chien et de porc. Plus européenne, plus intelligente et sans doute plus ambitieuse que lui, elle s’était fait des amis à Rome et il la craignait infiniment.

S’il nous est possible de reconstituer l’âme et les conceptions sociales, politiques ou esthétiques d’un Romain du VIIIe siècle de Rome, il est plus ingrat de comprendre un « barbare » de ce temps-là. Mais il devient alors presque impossible de fournir un schéma mental acceptable pour une femme comme Cléopâtre. Ce fut un être supérieur, sans nul doute. Il paraît même difficile de croire qu’elle ait pu, par les seuls sens, s’attacher un homme comme César, âgé de cinquante-deux ans, fatigué par une vie vagabonde, et la tension des luttes perpétuelles dont son destin avait été fait. C’est difficile, mais non absurde, au surplus.