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Page:Dunan - Le Sexe et le poignard, 1928.djvu/209

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flattait le peuple, de paraître vraiment poussé vers lui. Et pourtant, Pompée eût plus sincèrement que César, l’amitié plébéienne. Nous entrons ici dans le véritable secret de la politique romaine, la question des Syngraphiæ, qui explique les rapports de César avec l’aristocratie latine. César n’avait aucune fortune personnelle assise et il ne semble pas avoir jamais voulu en acquérir une à la façon patricienne, c’est-à-dire faite de vastes terrains autour de Rome, de beaux immeubles à Rome et de propriétés dans les pays soumis. Celui qui possédait ces choses, et surtout qui les possédait héréditairement, se trouvait, dans l’État Romain, beaucoup plus qu’un autre citoyen. C’est que les premières lois relatives aux patrimoines attribuaient une valeur sacrée aux propriétés patriciennes. Elles étaient indivises et inaliénables, tandis que les autres étaient non seulement partageables, mais d’intégrité interdite, même par testament.

Il y avait donc deux sortes de propriété à Rome. Celle du patricien, légalement stable, et l’autre, que tout menaçait. Évidemment, au temps de César, les lois anciennes étaient périmées. Mais elles gardaient leur valeur dans l’esprit de la vieille oligarchie qui croyait tenir d’un droit supérieur et divin, ce qu’elle possédait en propre. Pompée était