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Page:Dunan - Le Sexe et le poignard, 1928.djvu/210

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riche. On ne le soupçonna jamais, même durant ses accès démagogiques, de vouloir attenter au droit ancestral de propriété. Mais de César on craignit tout, autant parce qu’il était sans biens familiaux qu’à cause de son scepticisme méprisant devant les vieux usages.

Or, de toute évidence, les esprits clairs, et il y en avait parmi les conservateurs les plus rétrogrades, voyaient bien que l’État en était arrivé à ne plus pouvoir envisager que deux routes, outre celle de l’anarchie : ou bien attaquer le droit de propriété en annulant les dettes et en confisquant les biens des gens trop riches, ou bien réduire la totalité des citoyens romains — ceux qui étaient sans dettes comptaient peu — à l’état d’esclaves, en créant un « Empire » où tout le droit serait dans la volonté du Maître. Une confirmation définitive, une sorte de stabilisation, nous disons aujourd’hui une consolidation des « syngraphiæ » accomplissait sans avoir l’air de rien, cette opération sociale d’une importance énorme, qui sera faite en France au huitième siècle. Elle créera la féodalité avec cette parole décisive : « Nulle terre sans seigneur. » Pour la réaliser, sous l’Empire romain, on fera de tous les citoyens des rentiers, et le monde en totalité travaillera pour leur donner du pain et des jeux.