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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/100

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— Où suis-je ! où sont-ils ? est-ce un rêve ? s’écria-t-elle avec désespoir en regardant d’un air effaré autour d’elle.

— Señora, nous partons, lui dis-je.

Doña Lucinda monta, sans me répondre, dans la diligence, suivie par la femme du sénateur, Quant à ce dernier, il reprit son ancienne place dans la voiture sans prononcer une seule parole. La peur semblait l’avoir paralysé.

Camote, sur ma réponse affirmative que nous étions prêts, fouetta les chevaux, et nous nous mîmes en route.

Un silence glacial, à peine interrompu par quelques soupirs de doña Lucinda, régna d’abord dans notre petit intérieur. Enfin le sénateur Moratin, après avoir regardé à vingt nouvelles reprises à travers la portière, ouvrit une large bouche, puis, en retirant deux onces d’or qui y étaient cachées, s’écria avec emphase :

— Voyez ce que c’est que d’avoir du sang-froid et de ne point perdre la tête !… Ma femme et moi sommes jusqu’à la fin de notre voyage à l’abri du besoin.

Je me hâtai de complimenter le sénateur sur son heureuse adresse :

— Seulement vous jouiez gros jeu, ajoutai--