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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/113

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pas le mérite d’inventer, quelques heures avant l’arrivée du Tecualtiche à Cosala, une scène assez curieuse se passait à trois ou quatre lieues de ce Réal[1].

Deux Mexicains, dont l’un pâle et chétif marchait péniblement à pied, et l’autre grand et robuste était monté sur un assez bon cheval de voyage, se rencontrèrent suivant chacun une route inverse dans un sentier rapide et étroit. L’homme à pied portait un costume sinon tout à fait délabré, du moins manquant entièrement d’harmonie. Un vaste chapeau de poil de vigogne, qui pouvait valoir à peu près une once, ombrageait sa petite tête plate et jaune ; seulement le galon d’or qui entourait jadis les bords de ce chapeau avait été décousu : était-ce misère ou sordide avarice de la part de son propriétaire, c’est ce qu’un physionomiste eût été fort en peine de décider, l’expression à la fois fière et humble du voyageur laissant toute latitude possible aux suppositions. Le reste de son costume se composait d’une veste d’indienne tellement vieille et usée, qu’un mendiant aurait dédaigné de la ramasser sur la route. Le pantalon ne valait guère mieux que la veste : deux fois trop large et beaucoup trop long, il ne provenait certes ni d’un

  1. On nomme Réal les villes où le gouvernement fait frapper monnaie.