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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/124

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leurs montagnes dans la plaine. Ils ont hâte de se dédommager de leurs privations, et Dieu sait quelle épouvantable revanche ils prennent alors. Leurs amours, leurs orgies effrénées absorbent les moments qu’ils ne passent pas au jeu. Mais le jeu est leur passion dominante : l’on a vu parfois tel simple ouvrier mineur, arrivé la veille avec plus de 1,000 piastres, se retrouver le lendemain réduit à emprunter un médio[1] pour souper. Seulement ce mineur, avant d’en être réduit à cette extrémité, a passé par toutes les péripéties de l’amour et du crime, et il est fort rare qu’il retourne à ses travaux souterrains sans être couvert du sang de quelque ami ou de quelque rival. Quelquefois aussi, dans ces cas-là, le mineur, ne trouvant pas une compensation suffisante à plusieurs mois de rudes travaux dans une seule journée d’orgie, prend le chemin des écoliers pour revenir à ses montagnes, et s’amuse sur les grandes routes à dépouiller les voyageurs. Cet amusement, auquel il prend toujours malheureusement goût, se prolonge pour lui jusqu’à ce que, traqué sérieusement, il se résolve enfin à regagner sa mine, où il est assuré de trouver un asile inviolable. Quant aux riches propriétaires de mines, résidant à Cosala, ce sont pour la plupart des Indiens parvenus,

  1. Pièce d’argent de 32 centimes.