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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/127

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Le soir venu, chaque homme, possesseur d’un doliman de drap, d’un chapeau de poil de vigogne et d’un sabre ayant un fourreau, c’est-à-dire tout caballero, se rendait immédiatement après la oration ou l’angelus, dans la maison du curé de Cosala, don Ignacio ***, qui, à force d’avoir tonné du haut de sa chaire contre le Monte, était parvenu à monopoliser le jeu à son profit. Là, assis autour d’une grande table recouverte d’un tapis vert, les plus riches de la ville se livraient avec fureur aux chances du Monte. « Voyez qu’elle animation ! disait parfois avec orgueil le brave curé don Ignatio *** ; eh ! bien cela est mon ouvrage… Auparavant tous ces caballeros jouaient chez eux, sombres, irascibles, ne supportant leurs pertes que grâce à des arrière-pensées de sang, tandis qu’à présent, réunis sous un œil paternel, ils se divertissent comme des bienheureux et ne courent plus la chance d’être indignement trompés. » Le divertissement coûtait parfois dans une soirée 50,000 francs à l’un des bienheureux. Quant à la surveillance exercée par l’œil paternel du brave curé Ignacio ***, elle se payait à raison de 2 piastres par joueur. Ce qui lui constituait un bénéfice de 400 francs par soirée.

L’excellent curé Ignacio ***, la seule autorité morale reconnue généralement à Cosala, était bien le