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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/130

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la réalisation en chair et en os d’une de ces figures idéales qu’on ne trouve que dans les vieux romanceros espagnols contemporains du Cid ; heureux poètes, qui, ayant devant les yeux ces admirables filles issues du sang maure et castillan, devinaient et chantaient la beauté impossible et absolue. Dolores, ou pour mieux dire Lola, c’était le nom de la jeune Culiacanera, avait des yeux qui promettaient des trésors de tendresse et un maintien qui démentait les promesses de ses yeux ; elle avait la taille souple et voluptueuse d’une de ces bayadères que les voyageurs décrivent avec tant d’amour et tant de complaisance, pour se dédommager de n’en avoir jamais rencontré, et la démarche modeste et confuse d’une jeune pensionnaire qui croit, à son entrée dans le monde, que chacun devine ses pensées : en un mot tout était en elle contraste et séduction. Lola avait aussi, ainsi que cela devait être, de nombreux adorateurs, et lorsqu’à la chute du jour elle s’asseyait, selon l’usage, devant sa porte pour prendre le frais, les mêmes cavaliers passaient dix fois par hasard devant elle, en faisant chaque fois cabrer leurs chevaux pour tâcher d’obtenir un de ses regards.

Le Mexicain a une manière de faire sa cour fort originale et qui ne ressemble en rien à notre galanterie d’Europe, Lorsqu’il est réellement amoureux, il