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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/132

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Aussi depuis que Lola avait abandonné Culiacan pour se fixer à Cosala, ne voyait-on plus dans cette dernière ville que des jeunes gens aux fraîches couleurs et aux visages épanouis et respirant la joie ; car Lola, soit indifférence, soit calcul, restait insensible à tous les vœux et repoussait tous les hommages. Cette sagesse avait même fini par faire concurrence, dans les conversations du soir, aux brillants exploits de Cota et du Tecualtiche. Le dialogue quotidien des huit à dix mille habitants de la ville de Cosala ne se composait plus que des trois questions suivantes : Combien a gagné Cota  ? Le Tecualtiche est-il toujours heureux ? Lola est-elle toujours sage ? Les deux premières de ces questions recevaient différentes réponses ; quant à la troisième elle amenait toujours un oui d’une désespérante monotonie : c’était à douter de la fragilité humaine.

Les choses en étaient là, lorsqu’un soir vers les dix heures, alors que la ville de Cosala était plongée dans l’obscurité et le silence, deux hommes enveloppés dans de vastes zarapes débouchèrent chacun par l’extrémité opposée de la même rue, et se rencontrèrent devant la maison de Lola.

Leur premier mouvement, inspiré par l’instinct de la défense, fut de porter la main à la garde de leur sabre ; le second, dicté par la prudence mexicaine,