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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/166

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naie sur la table, voici pour ta nourriture de la journée,

— Six réaux ! dit Jose, stupéfait de cette générosité inattendue, lorsque Cota, qu’il suivait du regard, eut disparu, six réaux ! Allons, il va se passer, je le parierais, de curieuses choses ; mon maître ne sait plus ce qu’il fait : tant mieux, ça me distraira.

Le brave Jose, tout en murmurant ce court monologue, ramassa prudemment sur la table les six réaux ; mais un nuage passa aussitôt sur son front.

— Diable de Cota ! dit-il ; il a bien au contraire toute la tête à lui, et c’est moi qui suis un candide animal ; au lieu de deux bons réaux qu’il me compte d’habitude, il m’en a donné six aujourd’hui, c’est vrai ; seulement ils sont faux.

Jose regarda alors avec attention les pièces de monnaie dont il avait déjà reconnu la fausseté, grâce au tact exercé de sa main, et un sourire de mépris se dessina sur son visage.

— Peut-on faire aussi mal de la fausse monnaie ! dit-il avec dédain ; c’est honteux. Vraiment, sans me vanter, j’en confectionnais de supérieure à celle-ci lorsque je n’avais pas encore douze ans, et Dieu sait si j’ai fait des progrès depuis. Positivement, l’éducation se perd de jour en jour. Après tout, mon cher maître ne m’a trompé qu’à demi, car je connais, sur la Plaza, un brave hôtelier qui a confiance en moi et