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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/168

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— Lui-même, señor.

— C’est juste, puisque j’ai un rendez-vous avec lui ; laisse-moi passer.

Cota entra aussitôt, puis, après avoir traversé rapidement, et en homme qui connaît les localités, deux vastes pièces, il poussa une porte de cèdre et entra dans une chambre dont les murs étaient surchargés de christs sculptés en ivoire et en buis, d’armes blanches et à feu, d’éperons, de cuartas ou cravaches, de lazos flexibles, et enfin de portraits de saints et de saintes et d’images naïvement érotiques, pour ne point dire tout à fait obscènes.

Deux hommes étaient assis dans cette pièce auprès d’une table en acajou brut et massif : le Tecualtiche, ainsi que l’avait annoncé déjà le domestique, et le maître, de la maison, le vénérable et tolérant curé don Ignacio ***. Sur la table il y avait deux énormes verres d’eau-de-vie, puis à côté des verres, cinq rouleaux de piastres neuves composés de vingt piastres chacun. L’apparition de Cota produisit un effet bien différent sur le paternel Ignacio *** et sur le rude Tecualtiche. Le premier sourit avec bonhomie et le second fronça involontairement ses gros sourcils. Cota, impassible et toujours maître de soi-même, répondit à ces deux réceptions différentes par un même sourire doux et gracieux.