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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/173

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du moins en partie, la petite scène que je viens de tracer, car le curé Ignacio ***, en homme habile, n’avait pas manqué, aussitôt que Cota et le Tecualtiche l’eurent quitté, de répandre dans toute la ville la nouvelle de la rivalité des deux fameux joueurs. En effet, cette rivalité et le défi qui en était la suite composaient pour sa soirée de monte un magnifique programme.

— J’espère bien que vous ne manquerez pas d’assister à cet étrange duel ? me demanda M. Alexandre S…

— Certes, et je compte aussi que vous m’accompagnerez ?

— Très-volontiers.

L’oracion ou l’angelus sonné, nous nous acheminâmes donc, mon compatriote et moi, vers la maison du curé Ignacio ***. La foule qui encombrait la vaste salle où se tenait d’ordinaire le monte était immense ; pas une seule personne un peu marquante de Cosala ne manquait au rendez-vous ; et pourtant, il régnait, parmi cette multitude compacte, un grand silence. Le Tecualtiche, ses longs cheveux bouclés rejetés en arrière, le teint animé, l’œil brillant, représentait l’image du défi, tandis que Cota, toujours froid et réservé, mais l’air placide et assuré, personnifiait, sinon la résignation, du moins la fatalité.