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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/174

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Dans un des coins les plus obscurs de la salle, Lola essayait de se dérober à la curiosité générale ; mais sa parure était de si bon goût, sa beauté si éclatante, et le rôle qu’elle jouait dans ce drame original, si important, que presque tous les regards se tournaient vers elle. Cependant la partie ordinaire commença bientôt sans qu’une seule allusion fût faite par un des spectateurs. Le Mexicain, s’il est d’une grande ignorance, en fait de probité, possède du moins à un degré éminent la science si difficile du savoir-vivre et des convenances.

— Je n’ai jamais vu ici autant de monde et si peu de joueurs, dit enfin le Tecualtiche quand la première taille fut achevée. Voulez-vous, seigneur Cota, que nous jouions un peu l’un contre l’autre, cela animera peut-être la partie ?

— Vous savez, cher caballero et ami, que je suis toujours à vos ordres, répondit Cota, mais pour jouer l’un contre l’autre il faudrait que l’un de nous deux tînt la banque ?

— Je m’en charge, seigneur Cota, répondit le Tecualtiche, mon entrée sera de cinquante mille piastres, c’est toute ma fortune, cela vous va-t-il ?

— C’est en vérité une fort belle entrée ! répondit Cota, mais les cartes me semblent bien vieilles pour servir ?