au milieu du silence et tout en levant au ciel un œil triste et mourant.
— Ma foi, dis-je de nouveau à mon ami Alexandre S***, je vais fumer une cigarette dans la rue, puis je reviendrai dans quelques minutes, lorsque la partie sera tout à fait engagée ; l’attente du premier coup de feu est toujours ce qu’il y a de plus pénible, dans un duel, pour les témoins.
En parlant ainsi, je parvins à me glisser sans bruit jusqu’à la porte de sortie ; puis, l’ouvrant tout doucement, je me précipitai dehors. Une sueur froide perlait sur mon front.
Ma cigarette fumée et les cinq minutes écoulées, je rentrai chez le curé Ignacio ; les cartes étaient jetées pêle-mêle sur le tapis, la partie avait cessé.
— Eh bien ? demandai-je à mon ami M. Alexandre, que je trouvai plus pâle que je ne l’avais laissé.
— C’est fini, me dit-il.
— Comment, fini ! Est-ce que Cota et le Tecualtiche auraient eu peur ?
— Peur !… répéta avec étonnement M. Alexandre, allons donc ! Ils n’ont joué que cinq coups, c’est vrai, mais chaque coup était de dix mille piastres ou cinquante mille francs.
— Est-il possible ?
— Et le Tecualtiche a gagné cinq fois ! c’est pour