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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/190

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En ce moment d’enthousiasme pour les spectateurs et de tiédeur pour les combattants, un simple lepero, du moins à en juger par son costume, traversant l’espèce de solitude qui s’était faite autour du terrible taureau, arrêta fièrement son cheval devant lui, à un pas tout au plus de distance. Les applaudissements éclatèrent de nouveau avec fureur, car cette hardie manœuvre promettait aux spectateurs, selon la pittoresque et cruelle locution mexicaine, une seconde mort.

Cette bienveillante prévision de la foule paraissait du reste devoir se réaliser : en effet, le taureau recula d’abord en baissant la tête, et se mit à gratter lentement la terre avec son pied.

Vamos, cobarde ! Allons, poltron ! s’écria l’imprudent lepero en apostrophant son ennemi, selon l’usage des toreadores de profession.

L’animal, comme s’il eût compris cette outrageante provocation, s’élança aussitôt sur le lepero. Celui-ci resta immobile une seconde ; et ce ne fut qu’au moment même où les cornes le touchaient presque, qu’enlevant son cheval avec une merveilleuse habileté, il le fit bondir par-dessus le taureau, et évita ainsi sa mortelle atteinte.

Ce prodige de sang-froid et d’équitation fut salué immédiatement par des applaudissements inouïs, fré-