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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/191

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nétiques ; le lepero ne parut même pas s’en apercevoir et se mit à allumer une cigarette.

— Quel est donc ce téméraire écuyer ? demandai-je à un voisin.

— Je l’ignore, señor ; c’est un forastero[1] qui m’est inconnu, me répondit l’homme que j’interrogeais ; mais en tous cas il monte assez bien à cheval et ne manque pas d’une certaine hardiesse… Bon ! le voici maintenant qui se dirige vers le taureau noir… Tiens ! mais il pourrait bien se faire tuer cette fois-ci, ajouta mon voisin en se frottant les mains d’un air de joyeux espoir.

L’intrépide lepero, après avoir jeté sa cigarette à moitié consumée, piquait effectivement vers le second taureau. L’animal furieux, acceptant franchement le combat, s’élança à la rencontre de son adversaire. Si le lepero n’eût pas été un véritable ginete[2] dans toute la rigoureuse exigence du mot, cette attaque lui

  1. Le mot forastero n’a pas de synonyme français. Il signifie en espagnol quelqu’un d’étranger à la province, à la ville, etc., où il se trouve. Par exemple, un Parisien serait traité de forastero à Rouen, de même qu’un Rouennais le serait à Paris.
  2. Ginete signifie, rigoureusement parlant, écuyer ; mais les Mexicains attachent à ce mot l’idée de la perfection. Un ginete, au Mexique, ne doit tomber de dessus un cheval sauvage que mort.