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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/193

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son cheval au milieu d’une volte-face, avait sauté sur le dos du taureau !

La stupéfaction du farouche animal fut telle en sentant peser sur son corps le poids d’un homme, qu’il resta un moment immobile et semblable à une statue. Le lepero profita de cette stupéfaction pour s’asseoir le plus solidement possible. Bientôt commença entre la brute et l’homme une nouvelle lutte incroyable que ceux-là seuls qui en ont déjà vu de semblables en Amérique, comprendront et trouveront possible. Ce fut de la part du taureau des bonds furieux et des frémissements brusques et saccadés, accompagnés par un rugissement de tigre ; du côté de l’homme une telle souplesse de corps, un si parfait laisser-aller, une telle grâce aisée, qu’on eût dit un maquignon faisant parader un cheval de luxe et de promenade.

Le taureau étant passé, dans sa course furibonde, auprès d’une estrade qu’on avait élevée pour les notabilités de la ville, un homme s’y leva qui, adressant la parole au lepero :

— Hola ! muchacho ! lui cria-t-il, ne te gêne pas pour descendre ; le taureau que tu montes m’appartient, et je t’autorise à le tuer d’un coup de poignard, si bon te semble.

Le lepero salua avec beaucoup de courtoisie le généreux propriétaire, puis, retirant de sa bota va