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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/197

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L’ex-caballero Jose était trop bien élevé pour se faire prier, il se hâta donc d’accepter le coq, puis le brandissant au-dessus de sa tête, il poussa d’une voix sonore le mot si connu des bons chevaux mexicains : Santiago[1] ! Ce fut alors un tumulte immense, une clameur de bataille, un pêle-mêle dont rien ne pourrait donner une idée, une confusion à faire comprendre le chaos. Les chevaux, animés d’un vertige semblable à celui qui s’était emparé de leurs maîtres, bondissaient comme des tigres et se précipitaient avec rage les uns contre les autres. Devant une mêlée semblable, Salvator Rosa eût certes douté de la puissance de son pinceau !

Voici, en peu de mots, l’explication de cette course qu’un spectateur européen, qui y assisterait pour la première fois, ne pourrait comprendre.

Il s’agit tout bonnement de ravir la tête du malheureux héros de la fête, du coq dont nous avons déjà parlé ; puis, une fois maître de cette tête, d’arriver le premier à un but fixé d’avance. Or, avant de parvenir à s’emparer de ce trophée, confié généralement au meilleur cavalier et défendu par cinquante alliés, que l’on juge combien d’efforts il faut employer ! Je ne me souviens pas d’avoir vu, dans de

  1. Mot consacré dans les courses pour le départ.