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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/285

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— Est-ce que dans un placer le sol n’appartient pas au premier occupant ? dit Quirino.

— Hélas ! Seigneurie, cela était dans le temps et devrait être encore ainsi… mais les Américains, depuis que des traîtres leur ont livré la Californie, agissent et parlent en maîtres… et ne voient en nous que des serviteurs et des bêtes de somme, au lieu d’hommes indépendants… Tenez, en voici justement un qui s’avance vers nous, son chiquihuite à la main… Je parie dix onces d’or qu’il va se mettre, sans rien dire et comme si cela était son droit, à exploiter notre sillon.

En effet, un Américain, éloigné d’un millier de pas de l’endroit où nous nous trouvions, disparaissait et apparaissait selon l’inégalité du terrain, en se dirigeant de notre côté.

— Je serais curieux de savoir si l’Indien ne s’est pas trompé, — dis-je à Quirino, — restons ici. En attendant le Yankee[1] je vais aller me désaltérer à cette belle source d’eau claire qui brille à vingt pas de nous, semblable à une couche de cristal de roche.

Quirino me retint vivement par le bras.

— Conseillez-vous au señor de boire de cette eau ?

  1. Sobriquet par lequel on désigne les Américains.