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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/286

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demanda-t-il à l’Indien, en accompagnant sa question d’un inexplicable sourire.

— Dam ! Seigneurie, — répondit l’Indien, assez embarrassé, — l’eau fraîche, à vrai dire, est une mauvaise chose pour la santé ;… elle donne souvent des frios[1]… Si j’étais Sa Seigneurie, je ne toucherais pas à cette source.

— Vous entendez le conseil que vous donne ce brave garçon ? me demanda Quirino, en me retenant toujours fortement par le bras.

— Oui, je l’entends et je l’en remercie ;… mais, comme je ne suis nullement en transpiration, je crois pouvoir me dispenser de le suivre.

— Alors, rendez-vous à ma prière… ne buvez point…

— Vous êtes mon guide et je dois vous obéir, — répondis-je à Quirino, assez surpris de son insistance.

— Très bien, — me dit-il, — puis s’adressant aux Indiens qui pendant ce débat, si insignifiant pourtant, avaient suspendu leurs travaux, il reprit :

— Enfants, l’Américain approche… parlons peu et parlons bien. Combien gagnez-vous ici par jour ?… dix-huit à vingt piastres chacun, n’est-ce pas ?

  1. Frios, — froids. On désigne ainsi des fièvres intermittentes toujours fort dangereuses, mortelles souvent.