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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/293

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avais manifesté le désir, m’avait sauvé la vie. Je dois avouer que ma reconnaissance pour lui, en songeant qu’il avait laissé mourir si misérablement le pauvre Américain, ne fut pas ce qu’elle aurait dû être. Soit que cet événement tragique m’eût causé une impression trop vive, soit que les fatigues de la journée eussent été au-dessus de mes forces, toujours est-il que je revis avec bonheur le toit aigu de ma tente pointer à l’horizon ; je me sentais faiblir, et je n’avançais plus qu’avec une difficulté extrême.

À peine arrivé, je me laissai tomber, plutôt que je ne me jetai, sur la peau de bison étendue par terre dans ma tente, en guise de tapis et de lit. Le Gambusino me considéra pendant quelques secondes très-attentivement, puis, retirant son zarape, ou couverture de laine, de dessus ses épaules, il m’en enveloppa soigneusement,

— Cher ami, — me dit-il, vous avez un commencement de fièvre froide, — ne vous épouvantez pas, et tâchez de dormir en attendant mon retour.

Une heure plus tard, le Gambusino revenait avec un poignée de plantes qui m’étaient inconnues, allumait le feu, faisait infuser ces plantes, puis s’asseyant par terre près de moi, et me soutenant la tête, me faisait boire cette infusion à petites gorgées, avec un